Ce fut le début de la laïcisation de l'éducation et du retrait progressif du clergé des grands centres de décision politique. Ce fut l'amorce d'une conscientisation nationaliste des populations partout au Québec, mais en particulier dans les cercles universitaires, bourgeois, artistiques et syndicaux de Montréal. L'arrivée de la télévision dans notre environnement et le développement incessant des grands médias d'information ont causé des remous évidents dans tous les milieux de la société.
La famille, un lieu de communication exceptionnel qui tente de poursuivre sa mission malgré l'influence des technologies. |
Les années 1970 ont apporté leur lot de transformations profondes de notre société. Rien n'était impossible. On voyait de plus en plus grand et de plus en plus loin. La tenue de la 21e Olympiade à Montréal, en 1976, a certainement constitué un point tournant majeur dans l'internationalisation du monde des affaires québécois. Tout le monde voulait profiter de la mondialisation alors que toutes les frontières s'ouvraient.On a alors assisté à l'un des plus importants événements politiques du 20e siècle : l'élection d'un premier gouvernement indépendantiste au Québec, le 15 novembre 1976. Presque 10 ans après le passage du Général de Gaule au balcon de l'hôtel-de-ville de Montréal avec son " Vive le Québec libre "!
Puis, les années 80 sont apparues avec l'arrivée de nouveaux produits technologiques que tout le monde s'arrachait : les baladeurs (Walkman), les magnétoscopes vidéos, les cassettes de musique, les fours à micro-ondes, les radio-téléphones mobiles (ancêtres du téléphone cellulaire moderne), pour ne nommer que ceux-là. Chaque mois, chaque année, on nous présentait des nouveautés, toutes supposées nous faciliter la vie. Puis sont apparus les ordinateurs personnels, d'abord ceux de Macintosh, puis ceux de IBM et de Microsoft.
En parallèle, le Québec rayonnait dans le monde toujours un peu plus, grâce à Hydro-Québec, les grandes firmes d'ingénierie et d'architecture, l'expertise de grandes sociétés comme CGI, Bombardier, Alcan, Noranda, Cascades, Canam Manac, Davie, entre autres. Les visionnaires et les gestionnaires du progrès ne voyaient plus de limites à ce que le Québec pouvait conquérir sur le plan économique.
Avec les années 1990 sont apparues les besoins de modernisation des entreprises, les préoccupations grandissantes à l'environnement, la sensibilisation plus grande des travailleurs à leurs droits, l'augmentation du coût des ressources naturelles, l'augmentation des coûts du pétrole, les lois sévères sur la santé et sécurité au travail, l'augmentation des pouvoirs des municipalités dans de nombreux champs d'activité (décentralisation) et une transformation profonde de la fiscalité municipale, tout ça sur fond de crise financière, d'endettement accru et de budgets gouvernementaux déficitaires.
Ceux qui croyaient que l'arrivée de l'an 2000, le passage au nouveau millénaire, allait permettre de tout remettre les comptes à zéro et signifier le début de jours meilleurs, ont vite déchanté. L'explosion des technologies de l'information, de l'internet et des médias sociaux a plutôt contribué à rendre de plus en plus difficile l'exercice du pouvoir, la prise de décisions, l'adoption de nouvelles réglementations, etc. Le peuple voulait être consulté. Participer davantage à la réflexion menant aux décisions. Et le peuple était de mieux en mieux informé, plutôt avait de plus en plus accès à l'information. Pas nécessairement toujours la plus pertinente. Souvent celle que les influenceurs, les groupes de pression et les mouvements organisés diffusaient facilement.
Et que dire de l'envahissement systématique du téléphone intelligent qui, depuis 10 ans, a considérablement modifié la façon de travailler, de gérer des affaires, de faire nos achats, de consommer, de voyager, bref notre vie toute entière dans bien des cas.
Toutes ces inventions, ces outils technologiques, ces moyens de communication et d'information, ces ordinateurs personnels, téléphones cellulaires, et autres gadgets de tous genres, je les ai vus naître et évoluer. Je les ai vus devenir très souvent le centre d'attraction, le principal sujet d'intérêt, l'élément de discorde ou encore le motif de bien des problèmes entre partenaires, conjoints, associés, amis, etc. Aujourd'hui, pouvons-nous affirmer franchement et sans se tromper que notre société est meilleure et plus efficace, plus performante, en raison de cette évolution technologique exponentielle?
Pas toujours ni partout. Parce qu'on a fini par oublier une chose très importante dans bien des cas. On a fini par oublier de se parler. Face à face. Les yeux dans les yeux. On a fini par oublier que la communication commence toujours par une interaction entre des personnes. Et que les outils technologiques en sont le prolongement. Pas la source!
Finalement, 62 ans plus tard, témoin de toutes ces étapes de l'évolution de notre monde, je crois pouvoir affirmer que le progrès, ce n'est pas toujours pour le mieux!